Avez-vous déjà eu du mal à abandonner un projet qui vous tenait à coeur ?
Avez-vous déjà eu l’impression de voir le mal partout ?
Ou bien avez-vous déjà eu l’impression d’être invincible ?
Notre cerveau est une machine complexe qui nous joue parfois des tours.
Les biais cognitifs sont des pièges de l’esprit qui nous empêchent de voir la réalité telle qu’elle est. Ils sont des erreurs de jugement qui nous éloignent de la pensée logique et rationnelle.
Dans cet article, vous allez découvrir les 25 biais cognitifs les plus courants qui vous empêchent de prendre des décisions rationnelles.
Le principe de réciprocité
Selon ce principe, nous avons tendance à retourner les faveurs de quelqu’un qui nous aide.
Cette tendance naturelle, à vouloir rendre un service est une bonne chose. Toutefois, elle peut également conduire à prendre des mauvaises décisions, particulièrement si vous succombez aux avances d’un bon vendeur.
Le biais d’ancrage
Ce biais cognitif décrit notre tendance à nous laisser influencer par la première information (l’ancre) dont nous disposons pour effectuer un jugement.
L’esprit humain fonctionnant par association, notre jugement est conditionné par l’ordre dans lequel nous recevons les informations. Cette tendance naturelle de l’esprit explique très bien l’importance de la première impression dans une rencontre.
Le biais de la récompense et de la punition
Les mesures incitatives et dissuasives sont l’un des principaux moteurs du comportement humain. Afin de favoriser un certain comportement, il est nécessaire d’offrir une récompense attractive.
En identifiant la bonne incitation, vous parviendrez beaucoup plus efficacement à motiver les gens, les faire travailler plus et se dépasser. Si vous ne parvenez pas à faire agir les gens, c’est que votre récompense ou bien le risque à ne pas agir ne sont pas pertinents.
Par ailleurs, ce sont les récompenses immédiates qui sont les plus efficaces pour effacer les anciens comportements et en produire de nouveaux.
Le biais d’appréciation
Ce biais cognitif consiste à pardonner les défauts des produits, personnes ou entreprises que l’on aime vraiment.
Lorsqu’un enfant vient au monde, il a une tendance naturelle à aimer son entourage proche. Cette tendance innée s’illustre particulièrement par l’amour naturel d’un enfant pour sa mère. Ceci conduit à ne pas voir les défauts ou manquements de l’être aimé lorsqu’ils sont réels.
Le biais de la haine
L’esprit humain possède également une tendance naturelle à la haine. Ce biais cognitif consiste à ignorer les qualités de l’objet de sa haine.
Nous aurons ainsi tendance à distordre la réalité des faits de façon à justifier la haine que nous pouvons vouer à certaines personnes. Nous pourrons même ne pas aimer un certain produit tout simplement parce qu’il est associé à quelque chose que nous n’aimons pas.
Le biais d’évitement du doute
Ce biais cognitif décrit notre tendance à éliminer le doute lors de la nécessité de prendre une décision.
Ce biais nous conduit à croire quelque chose d’improbable plutôt que d’accepter de rester dans l’incertitude.
La conséquence de ce biais est un besoin à croire et/ou à apporter des réponses prématurées à des situations qui nous échappent.
Le biais de cohérence
Le cerveau humain a une tendance naturelle à renforcer les comportements par souci de cohérence. Ceci s’explique par le besoin du cerveau de conserver son énergie en évitant le changement.
Le vieil adage “on n’apprend pas au vieux singe à faire la grimace” est le résultat direct de ce biais cognitif. Passé un certain âge, le cerveau est réticent à tout changement de comportement. Il privilégie la cohérence afin d’économiser son énergie.
Le biais de l’envie et de la jalousie
L’envie ou la jalousie se manifestent par le désir de vouloir posséder les qualités ou attributs de quelqu’un qu’on admire.
Selon la théorie du désir mimétique, le philosophe René Girard explique que le désir est triangulaire par nature. Il est une imitation de ce que désire l’autre, ce qui crée des rivalités dans la conquête de l’objet désiré.
Le biais d’association
Ce biais correspond à une tendance naturelle à nous laisser influencer par les associations. Ce biais s’explique notamment par notre penchant à généraliser une première impression.
Par exemple, si dans notre expérience la qualité d’un produit est associée à son prix, nous allons avoir tendance à penser que les produits chers sont de bonne qualité.
L’expression “Tuer le messager” fait référence à cette tendance populaire à associer le porteur d’une mauvaise nouvelle à son message. Ainsi dans la Grèce antique, il arrivait que le messager soit exécuté lorsqu’il annonçait une mauvaise nouvelle au souverain.
L’évitement de la souffrance par le déni
Le cerveau peut refuser d’affronter la réalité afin de se protéger d’une souffrance importante. Nous aurons ainsi tendance à distordre la réalité de façon à ce que celle-ci soit supportable.
Faire face à la réalité peut parfois être tout simplement trop dur. Dans certains cas extrêmes, l’individu n’a pas d’autres possibilités que de distordre la réalité pour pouvoir survivre.
Le biais d’optimisme
Le biais d’optimisme est une erreur de prévision consistant à s’attendre à un résultat supérieur au résultat réel.
C’est par exemple votre ami fêtard qui vous annonce un samedi soir qu’il envisage de faire fortune en montant sa propre pizzeria. Les personnes très optimistes risquent de cumuler également un autre biais cognitif : l’excès de confiance. Cette tendance conduit à minimiser le risque que l’on prend ainsi que les conséquences.
L’excès de confiance
L’excès de confiance consiste à surestimer ses capacités à réaliser une tâche.
C’est par exemple le cas de l’entrepreneur qui s’imagine pouvoir tout faire mieux que tout le monde. L’être humain a une tendance naturelle à penser qu’il est plus fort ou intelligent que la moyenne, un petit peu comme le personnage de Thierry Lhermitte dans le dîner de con.
L’erreur de planification
Ce biais consiste à sous-estimer le temps que peut prendre une tâche. Il se manifeste particulièrement chez les personnes dont l’activité nécessite de se projeter dans le futur.
Ce biais cognitif peut créer des problèmes dans la gestion du temps et des ressources. L’erreur de planification peut également avoir un coût émotionnel lié à la frustration permanente de ne pas tenir les délais.
L’illusion de contrôle
Ce biais cognitif est la tendance des individus à survaloriser leur capacité à contrôler les évènements. Ce sentiment se manifeste lorsqu’une personne a le sentiment de pouvoir contrôler un résultat sur lequel elle n’a manifestement aucune influence.
L’illusion de contrôle est très courante chez les joueurs de loterie. Ces derniers s’imaginent pouvoir influencer le résultat alors que celui-ci relève du hasard. Ils confondent ainsi une situation de hasard avec une situation de compétence.
La loi des petits nombres
Ce biais consiste à s’appuyer sur un petit échantillon de personnes tirées dans la population afin d’établir une vérité générale.
Par exemple, ce biais se manifeste chez les entrepreneurs lorsqu’ils s’appuient uniquement sur un groupe restreint de profils pour tester leur offre ou produit. Cette croyance dans la loi des petits nombres peut aussi les conduire à surestimer la demande pour un produit et donc la taille réelle du marché qu’ils sont en train d’adresser.
Le biais de confirmation
Ce biais cognitif consiste à privilégier des informations ou hypothèses qui confirment ses propres idées. Il s’agit d’une tendance naturelle de l’être humain à vouloir confirmer ses propres croyances.
Par exemple, si l’une personne croit aux extraterrestres, elle aura une tendance naturelle à relever dans son environnement des éléments qui la confortent dans sa propre croyance. De même pour une personne religieuse qui verra dans n’importe quel événement du quotidien une intervention divine.
L’erreur de narration
L’erreur de narration est un biais cognitif qui a été popularisé par Nassim Nicholas Taleb. Il désigne notre tendance à préférer des histoires bien ficelées à la vérité tragique des faits.
Dans la vie, l’être humain a une tendance naturelle à vouloir habiller d’une logique narrative les événements qui l’entourent. La logique de l’existence selon Walt Disney serait qu’en grandissant, nous rencontrions l’âme-sœur, vivions heureux et fondions une famille. Or, il peut en être tout autrement.
Le biais du survivant
Le biais cognitif consiste à interpréter l’histoire à postériori sans tenir compte de sa part d’aléatoire. Ce biais s’illustre par la phrase “L’histoire est écrite par les vainqueurs”.
Par exemple, lors du naufrage d’un navire, nous pourrons penser que les survivants auront été les plus courageux ou bien les plus résistants, or, il se peut qu’ils aient tout simplement eu plus de chance que les autres.
Le biais des coûts irrécupérables
Le biais des coûts irrécupérable est cette tendance naturelle de l’être humain à vouloir justifier des actions sur lesquelles il a investi une quantité importante de temps et d’autres ressources.
Il est très courant de voir des personnes s’accrocher à des projets sur lesquels elles ont investi beaucoup d’argent ou de temps. Elles cherchent alors par tous les moyens du monde à justifier leur investissement par peur d’avoir tout perdu.
Le biais de négativité
Le biais de négativité est le fait que l’être humain soit davantage marqué par les expériences négatives que par les positives. Cela se traduit par le fait que l’être humain soit plus sensible aux informations négatives, plutôt qu’aux informations positives.
Le biais de négativité a une influence importante sur les prises de décision. Ainsi, lors des décisions, les individus vont percevoir l’approche des effets positifs comme moins importante que l’évitement des résultats négatifs.
Le biais de l’aversion à la perte
Ce biais consiste à être davantage sensible à la perte d’une chose plutôt qu’à un gain. Nous nous orientons ainsi naturellement vers des stratégies de conservation plutôt que des stratégies d’expansion.
L’aversion pour la perte s’illustre très bien par l’expression devenue populaire “FOMO”( fear of missing out), mécanisme sur lequel joue abondamment les réseaux sociaux.
Dans un souci d’économiser l’énergie, les êtres humains s’appuient sur les autres afin de prendre des décisions. Ainsi, dans une situation d’incertitude, ils préféreront prendre une décision déjà validée par leurs semblables.
Ainsi, on accordera davantage notre confiance à une personne déjà validée par le groupe. L’effet de la preuve sociale est renforcé par le biais de la jalousie et de l’envie.
L’effet de contraste
L’esprit humain a tendance à ne pas évaluer les choses en valeur absolue, mais en valeur relative. Lorsqu’on achète un produit, on aura tendance à le comparer au prix d’autres produits pour prendre notre décision.
Les commerciaux jouent beaucoup de ce biais cognitif en proposant après la vente d’un produit au client un autre produit moins cher.
La tendance à perdre des compétences non utilisées
Vos compétences s’affaiblissent avec le temps quand elles ne sont pas exercées. Si vous n’utilisez pas une compétence, vous aurez tendance à la perdre.
Les compétences avancées ne peuvent être conservées que par une pratique quotidienne. Ainsi, afin de conserver une compétence, il est nécessaire de l’actualiser régulièrement.
La tendance à la curiosité
La curiosité a été l’un des principaux facteurs de progrès de l’humanité. C’est grâce à la curiosité que Christophe Colomb a découvert l’Amérique, ouvrant la voie vers la découverte du nouveau monde. La curiosité favorise l’innovation technologique ainsi que l’exploration de nouvelles connaissances.
Chaque être humain possède en lui cette tendance à vouloir apprendre de nouvelles choses.
Au-delà des biais cognitifs
Vous vous reconnaissez dans l’un de ces biais cognitifs ? C’est tout à fait normal. Ils font partie de l’expérience humaine. Ils sont autant de couloirs d’un labyrinthe géant qui n’est d’autre que votre esprit. Existe-t-il une sortie ?
Dans le mythe d’Icare, Dédale se retrouve enfermé dans son propre labyrinthe avec son fils. Pour sortir de sa prison, il construit des ailes faites de plumes et de cire. Dédale et Icare parviennent ainsi à s’échapper en volant vers le ciel.
Sources et références :
Kahneman, D., & Clarinard, R. (2012). Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée
Charles T. Munger, (2005), Poor Charlie’s Almanack: The Wit and Wisdom of Charles T. Munger, Expanded Third Edition
Taleb, N. N. (2018). Jouer sa peau. Les Belles Lettres.
Taleb, N. N., D’Azay, L., & Rimoldy, C. (2014). Antifragile : Les bienfaits du désordre (French Edition) (1re éd.). Les Belles Lettres.
Taleb, N. N., Harvey, T., & A. (2020). Le Cygne Noir : La puissance de l’imprévisible. Les Belles Lettres.
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